Un plan de relance pour l'apprentissage
C’est une bonne nouvelle, indéniablement, et un geste fort du gouvernement, que salue notamment l’Unec (Union nationale des entreprises de coiffure) : le plan de relance de l’apprentissage présenté le 4 juin dernier prévoit de nettes augmentations concernant l’aide à l’embauche des apprentis, pour la période comprise entre le 1er juillet prochain et le 28 février 2021.
- 8 000 € par an pour un apprenti entre 18 et 30 ans.
Les entreprises de moins de 250 salariés bénéficient de cette aide sans condition. Les entreprises de plus de 250 salariés accèdent à cette aide à condition de respecter l’obligation légale de disposer de 5 % d’alternants parmi l’ensemble de leurs salariés.
Soutenir les apprentis pour aider au recrutement...
« Sous François Hollande, en 2013, nous avions vu chuter les aides à l’embauche pour les apprentis, rappelle Christophe Doré, président de l’Unec. Quatre ou cinq ans après, on a pu en mesurer l’impact : depuis 2017-2018, les coiffeurs ont de gros problèmes de recrutement. Cette mesure est donc importante, car si l’apprentissage n’est pas soutenu, nous ne pouvons pas former nos collaborateurs, et nous ne pouvons plus recruter. »
« Les jeunes ne seront pas la variable d’ajustement de la crise, assure de son côté Murielle Pénicaud, la ministre du Travail. J’ai annoncé une aide à l’embauche exceptionnelle pour les entreprises qui embauchent des apprentis du CAP au bac+3. Le coût d’un apprenti sera quasi-nul la première année pour les entreprises. »
Depuis le 1er juillet 2019, il existe une aide unique à l’embauche d’un apprenti, destinée aux entreprises de moins de 250 salariés qui embauchent un jeune préparant un diplôme ou un titre professionnel de niveau inférieur ou égal au bac. Le montant maximum de l’aide à l’embauche, de 4 125 € la première année, est dégressif au cours des années d’exécution du contrat d’apprentissage.
Le plan de relance prévoit également que les jeunes qui n’ont pas trouvé de contrat d’apprentissage lorsqu’ils entrent en formation pourront rester 6 mois (au lieu de 3 mois) dans leur centre de formation d’apprentis (CFA). Et qu’ils pourront bénéficier d’un accompagnement pour leur recherche d’employeur.
Le gouvernement annonce enfin vouloir favoriser l’équipement informatique et numérique de tous les CFA, permettant notamment d’assurer la formation à distance. Pendant la période de confinement, « neuf apprentis sur dix ont pu continuer leur formation à distance » a indiqué le ministère du Travail.
L'Unec souhaite supprimer les quotas d'apprentis
Sur la question-clé de l’aide à l’apprentissage, l’Unec souhaite toutefois aller plus loin, et demande l’abrogation de l’arrêté sur le quota d’apprentis dans la coiffure, une réglementation qui va à l’encontre des besoins de recrutement et freine le développement de la profession. Et rappelle :
« La Coiffure forme chaque année près de 17 000 apprentis, la plaçant de fait en seconde position derrière la boulangerie en termes de jeunes apprenants. Ce vivier de talents est indispensable à la profession qui est aujourd’hui en forte tension, les employeurs faisant face à d’importantes difficultés de recrutement.
Pour autant à ce jour, un arrêté datant du 10 mars 1992 fixe des plafonds d’emploi simultanés d’apprentis dans le secteur de la coiffure dames ou mixte. Les conditions fixées dans cet ancien texte sont beaucoup plus drastiques que celles prévues dans le droit commun à l’article R6223-6 du code du Travail : ‘’Le nombre maximal d’apprentis pouvant être accueillis simultanément dans une entreprise ou un établissement est fixé à deux par maître d’apprentissage. Le maître d’apprentissage peut également, en application de l’article L. 6222-11, accueillir un apprenti supplémentaire dont la formation est prolongée en cas d’échec à l’examen.’’ »
S’il s’agit de valoriser l’apprentissage, le recrutement, et d’aider les entreprises en cette période de crise, la coiffure ne doit pas subir des contraintes plus fortes que le reste des métiers : la limitation du nombre d’apprentis dans les salons n’est pas cohérente avec l’objectif de relance. Christophe Doré rappelle néanmoins qu’elle résulte du dialogue social avec les partenaires sociaux, et que c’est la profession elle-même qui avait organisé ces mesures de limitation. Un sujet à remettre rapidement à l’ordre du jour du dialogue social, donc…