Trevor Sorbie : une icône s'est envolée
Dans le monde de la coiffure, c’est une vraie déflagration. Même si le coiffeur d’origine écossaise n’était plus en activité depuis longtemps, et qu’on le savait malade, la disparition de Trevor Sorbie, 75 ans, ce 8 novembre, laisse un peu tous les coiffeurs du monde, les amoureux de la coupe, orphelins. Trevor Sorbie a été formé chez Vidal Sassoon, à Londres, au début des années 70, après avoir rêvé de faire de la coiffure, depuis la banlieue de Glasgow et le salon barbier de son père. Voyant la révolution qui est en train de surgir, dans le secteur, il fait ses valises, et monte dans le train en marche !
Un des pères de la coiffure moderne
Il sera, après Sassoon, l’un des pères et des magiciens de la coiffure moderne, avec notamment Anthony Mascolo et Robert Lobetta, avec lesquels il était dans une relation d’amitié et de saine émulation, de compétition technique et créative, mais seulement pour le meilleur. Il est l’inventeur de la « Wedge Cut », nuque courte et bombée / plongeante, savante harmonie de couches courtes de plus en plus courtes, sur l’arrière, et de longueurs pour encadrer le visage.
The Wedge by Trevor Sorbie for Sassoon, 1974. Photograph: Sassoon Academy
Il crée son premier salon « Trevor Sorbie » près de Covent Garden, à Londres en 1979, et sa marque (6 salons en Angleterre et un à Dubaï, une ligne de produits de soin capillaire) venait de fêter ses 45 ans d’existence. Coiffeurs de célébrités, aussi, au fil du temps, il avait créé certains des looks et des techniques de coupe les plus emblématiques des années 70 et 80.
Un homme de goût
4 fois auréolé de la prestigieuse récompense de « British Hairdresser of the Year », aux British Hairdressing Awards, il avait aussi été distingué par la Reine Elizabeth II en 2004, et décoré en tant que Member of the Most Excellent Order of the British Empire (MBE).
Du long, du court... et la matière comme une oeuvre d'art (collection AH 2018, collection PE 2010 © D.R.)
Sur le compte Instagram de son salon, son équipe a notamment écrit : « Le voyage de Trevor Sorbie, caractérisé par la créativité et la gentillesse, a laissé une empreinte indélébile dans le monde de la coiffure et au-delà. (…) Trevor Sorbie nous rappelait souvent qu’il fallait être ‘’courageux, différent, tout en faisant toujours des choses de bon goût’’. »
Une immense générosité
A côté de sa créativité et de son esprit précurseur, le coiffeur avait consacré tout un pan de sa vie à la « charité », comme disent les Anglo-Saxons. Son association « My new hair » avait initialement été créée pour aider sa belle sœur atteinte d’un cancer des os, en 2006. « C’était quelqu’un d’une immense générosité, confirme Mike Vincent, créateur des magazines et des shows Tribu-te. Personnellement, je lui dois beaucoup.
Avec Anthony Mascolo et Tony Rizzo pour l'Alternative Hair Show © D.R.
Quand j’ai lancé le magazine Tribu-te, j’ai tout de suite voulu créer le show. Mais je n’avais pas d’argent. Je suis allé le voir, et il m’a dit : je viendrai sur scène, avec Angelo Seminara (directeur artistique de Trevor Sorbie à l’époque), et on le fera gratuitement. Tous les autres ont suivi, le show était lancé ! »
Emotions et sens du partage
C’est un homme qui partageait, et qui « poussait » : « Il a aidé Eugene Souleiman, Angelo Seminara, Antoinette Beenders, Giuseppe Stelitano (directeur artistique actuel de Trevor Sorbie)…, ajoute Mike Vincent. Lequel se souvient, ému, du Tribu-te Show anniversaire qui lui avait été consacré, à Londres, « un grand moment », ou du lien qui l’unissait à Angelo Seminara, qu’il considérait comme son fils spirituel.
Le salon historique de Covent Garden © D.R.
Il se souvient de l’homme, extrêmement généreux, donc, mais aussi du bon vivant, amateur de bonne cuisine, de bons vins, amoureux de l’Italie… Trevor Sorbie était certes un monument de la coiffure, mais c’était surtout quelqu’un de très incarné, très terrien, très aimant. Il est parti avec élégance, fidèle à sa ligne… de conduite.