Roux cuivré : la tendance "retour à la vie"
Visuel : Saint Algue printemps-été 2022 ©️ Laura Palm
Faut-il voir la tendance « roux cuivré », qui monte depuis plusieurs mois, comme une irrésistible envie de reprendre la main et d’illuminer un monde devenu bien terne depuis le Covid ? Après une alternance de confinements, de retours à une semi-liberté et à une semi-normalité, et alors que les contraintes sanitaires et sociales sont désormais intégrées, on a quand même parfois envie d’envoyer balader le masque et de lâcher les chevaux (et les cheveux) !
Rouges à lèvres au placard, colorations pas entretenues (ou, pire, de plus en plus faites « maison »), relâchement général dû au télé-travail (également appelé « retour au naturel »…et au jogging), les conséquences de la crise que nous traversons depuis maintenant 2 ans se font sentir sur le plan de la beauté et de l’apparence. Alors, quand on décide de se réapproprier un peu son physique, on peut avoir envie de mettre le paquet. Et quelle est la couleur « coup d’éclat » par excellence, sinon le roux ? Et le roux cuivré en particulier ?
La dernière tonalité de cuivré choisie par Caroline Receveur, début janvier © Caroline Receveur
Depuis cet hiver, la top Gigi Hadid oscille entre blond, cuivré et blond vénitien au gré de ses envies. Mieux : la French influenceuse Caroline Receveur (4,6 millions de followers sur Instagram), repassée au roux depuis octobre, s’amuse avec les tonalités. Début janvier, elle est apparue avec un roux cuivré encore plus puissant, flamboyant, mettant en avant au passage la nouvelle gamme de soins Chroma Absolu de Kérastase, particulièrement pensée pour accompagner les colorations audacieuses.
"Le roux, c'est le nouveau blond"
Sur le fil de Caroline, le coiffeur Nicolas Waldorf a commenté : « Cette couleur, c’est la vie ! Les filles, le roux is the new blond ! » Dans le secteur pro, les marques ont bien compris tout l’enjeu de cette couleur synonyme de retour à la vie : on ne fait pas encore pleinement la fête ? En attendant, passons à l’orangé !
C’est ainsi qu’Eugène Perma Professionnel a présenté, fin janvier, en visio, deux nouvelles nuances cuivrées qui s’intègrent à sa gamme Carmen Rituel. « Ces nouvelles nuances cuivrées étaient très attendues par les coiffeurs, même si nous en avions déjà dans la gamme, a précisé à cette occasion Emmanuel Pirenne, directeur de création de la marque. Les transformations des influenceuses ont un effet boomerang sur les clientes. »
Des partis pris de cuivrés flamboyants, avec Steven Sausset pour la Fondation Guillaume, Christophe Nicolas Biot pour Wella et Edoardo Seghi pour Davines, au Beauty Hair Show d'Intercoiffure France © Richard Zouari
Globalement, les palettes de nuances de cuivré s’étoffent dans toutes les gammes de couleur professionnelles, qu’il s’agisse de colorations d’oxydation (classiques ou organiques) ou de colorations végétales, pour lesquelles ces tonalités ont toujours eu une puissance symbolique naturelle forte.
Une demande de plus en plus visible
Et les visuels de rousses commencent à déferler dans les pubs et les magazines. On en a aussi pas mal vu lors des derniers shows, comme lors du Beauty Hair Show d’Intercoiffure, en janvier, par exemple.
Pour autant, au-delà du plaisir du coiffeur-coloriste à mettre en avant ce genre de transformation spectaculaire, et de la visibilité médiatique des rousses, y a-t-il réellement une demande perceptible dans les salons ? Pour Thierry Deschemin, spécialiste de la coloration sur mesure dans son salon parisien Thiedesarts, la réponse est « oui » : « Il y a bien sûr le plaisir du coiffeur : quand on est un technicien, le cuivré est une des réalisations les plus compliquées, qui met vraiment en avant toute l’expertise du coloriste. Mais il y a aussi un effet de mode, et une vraie demande, que je ressens parmi mes clientes depuis une bonne année. »
Un cuivré sophistiqué, par Thierry Deschemin pour Thiedesarts ©️ D.R. / Thiedesarts
Pour Céline Antunes, qui a créé La Suite 52 à Bordeaux, la tendance est également bien réelle. « Les gens sont très influencés par les réseaux sociaux. La transformation de Caroline Receveur, on en a les effets directs, en salon, comme avec Fauve dans ‘’Danse avec les Stars’’. Ces personnalités ‘’dédramatisent’’ le roux. On se dit : ‘’c’est joli, c’est sexy.’’ Ça donne envie. » Dans son salon, la demande de roux est perceptible par cycles. Il y a un an et demi, elle était très forte. « Et depuis 3 mois, c’est reparti à fond. »
Consultation et conseils de pro indispensables
Mais attention aux pièges, cependant. Car le cuivré ne va pas à tout le monde ! « Il faut bien étudier la cliente, précise Thierry Deschemin. Sa pigmentation, sa carnation, la couleur de ses yeux. Le cuivré n’est pas facile à porter. Je ne le proposerais pas à une femme au teint mat, par exemple. » Pour le coiffeur, cette tonalité élégante et sophistiquée peut aussi l’être beaucoup moins, si le professionnel ne se soucie pas de la correspondance carnation / couleur de cheveux, notamment.
« Il faut impérativement réaliser une consultation, parler des contraintes, des avantages et des inconvénients de ce type de couleur, avance aussi Céline Antunes. Et bien préciser que le roux ne demande pas moins d’entretien que le blond… »
Un cuivré "on fire", par Céline Antunes pour La Suite 52 ©️ D.R. / La Suite 52
Enfin, si la palette du cuivré actuel est très large, du plus clair (blond vénitien) au plus flamboyant, en passant par des tonalités plus profondes, il faut noter que cette couleur peut se jouer sur la totalité de la chevelure, mais aussi à travers des effets de balayages, un travail sur les longueurs. Selon la base naturelle de la cliente, son envie de décolorer ou pas. Et la philosophie du coloriste.
Options radicale ou éphémère, tout est possible
A la Suite 52, on propose à celles qui appréhendent ce gros changement de passer par le vernis, qui peut si besoin être rééclairci (car ce sont souvent des blondes qui tentent le cuivré). Ou de jouer la multi-tonalité. Mais toujours sur l’ensemble de la tête. « J’ai l’impression que s’il y a une appréhension, il y a aussi un réel désir de changement, note Céline Antunes. Ce n’est pas la peur d’y ‘’aller’’, mais de s’en lasser. D’où la proposition de vernis, réversible. Pour moi il ne faut pas de demi-mesure, avec le roux. Sinon la cliente risque d’être déçue. »
Aujourd’hui, de multiples possibilités existent, en passant par des cuivrés éphémères, grâce aux soins pigmentants par exemple. « On peut proposer des effets caramel, miel un peu foncé, écureuil, qui pour les coloristes sont déjà dans la palette des cuivrés. Il y a une demande d’effets ‘’lumière’’ dans les cheveux, de reflets plus chauds, indéniablement », poursuit Thierry Deschemin. Une inflexion confirmée par Céline Antunes. « En hiver, on a souvent envie de reflets plus chauds. Mais c’est vrai que c’est une demande plus générale, on s’est peut-être un peu lassé des effets polaires, qui représentent une grosse contrainte et un gros budget. »
Envie d’un peu plus de chaleur, d’éclat, de vie, et parfois d’accompagner un tournant personnel, en y allant franchement : le roux cuivré va comme un gant à cette période pré-post Covid (on l’espère !), où chacun souhaite ranimer la flamme, en finir avec le contrôle permanent, pour aborder la vie avec un peu plus de spontanéité…