Quand TF1 met en lumière les coiffeurs
La coiffure a souvent été caricaturée à la télévision, mais certaines émissions jouent une partition différente, plus factuelle, journalistique et bienveillante. C’était le cas du sujet dévoilé le 22 janvier 2022 sur TF1, à 13h30, dans « Reportages Découverte », le magazine proposé par Anne-Claire Coudray. Si la production a cédé au jeu de mots facile avec le titre « Des coiffeurs qui décoiffent », elle a néanmoins cultivé la sobriété. Il y a 2 ans, le 1er février 2020, dans la même émission, on n’avait pas coupé (!) au « Coiffure, ainsi soit-tif… »
Au moins cela montre-t-il une certaine constance, à travers la programmation de la chaîne, dans l’objectif de mettre en lumière une profession loin d’être secondaire (près de 100 000 établissements de coiffure, dont 73% de salons, 180 000 actifs, 6,2 milliards de chiffre d’affaires*). Et dont l’importance sociale et psychologique, bien connue, a été confirmée par la crise sanitaire…
Dévoiler toute la diversité du secteur
L’idée ? Rappeler toute la richesse et la diversité du secteur en termes de métier et de savoir-faire, à travers quatre reportages croisés dévoilant des profils très différents : de la coiffure en salon au backstage de défilé, de l’apprentissage et des concours à la coiffure « nomade », dans un camion aménagé, et du travail d’orfèvre des perruquiers aux grandes expos professionnelles. Le fait de mêler deux grands noms du secteur (Raphaël Perrier et Jérôme Guézou) à des chefs d’entreprise anonymes, pleines de vie et de créativité, pour refléter à la fois les « paillettes » et le « terrain », était aussi bien vu.
Défilé Haute Couture Jean Doucet, coiffures et lunettes bandeaux par Jérôme Guézou © D.R.
Du stress de la jeune apprentie Charlène, pour son concours, à la pression de Raphaël Perrier, amené à repenser toutes ses perruques de spectacle en un temps record, et du timing improbable de Jérôme Guézou pour réaliser ses coiffures sur une séance de shooting (15 mn) au challenge de Pauline Jalabert, qui crée à 29 ans un concept de salon très audacieux : l’émission reflète bien le dynamisme et l’inventivité du secteur, qui ne lâche rien et rassemble des artisans artistes et business-men/women, souvent dès le plus jeune âge…
Si le reportage semble n’être plus disponible en replay, voici ce qu’il fallait retenir :
À 17 ans, Charlène Boiteux est une jeune apprentie coiffeuse pleine de talent. Elle apprend le métier aux côtés de Marinette dont le salon est installé dans le village du Fuilet, près de Nantes. Le duo s’est lancé un défi de taille : tout faire pour que Charlène remporte le titre de meilleure apprentie de France. « Je prends ma retraite dans quelques mois et Charlène est ma dernière apprentie. Donc cette médaille, ça serait vraiment le bouquet final de ma carrière !», confie Marinette, qui a mobilisé tout le salon pour faire gagner sa protégée.
Raphaël Perrier est quadruple champion du monde de coiffure. Passionné par le monde du spectacle, il a ouvert un atelier de perruques sur mesure dans lequel il fabrique avec ses équipes des coiffes pour le cinéma, le théâtre et les comédies musicales. « On réalise une implantation cheveu par cheveu. Nous, nous avons choisi de préserver ce savoir-faire français », explique-t-il. Il est suivi avec ses équipes pendant la création d’une cinquantaine de pièces pour l’une des comédies musicales les plus attendues de l’année : « Charlie et la Chocolaterie ».
Pauline Jalabert, elle, préfère la discrétion des salons de coiffure. Après 10 ans en tant que salariée à Montauban, à 29 ans, elle a décidé d’ouvrir son propre salon... dans un camion qui sillonnera les routes du Tarn-et-Garonne. Selon elle, « si on ne fait rien il n’y aura plus de vie dans nos petits villages. Donc je pense que mon concept de camion-salon de coiffure peut répondre à une demande des habitants. » Des travaux du véhicule jusqu’à sa première tournée, les équipes de « Reportages découverte » l’ont suivie pas à pas...
Le coiffeur Jérôme Guézou, enfin, concilie le travail en salon et ses collaborations sur des défilés ou des shootings de magazines de mode. Il utilise sa créativité pour sublimer des dizaines de mannequins. « Ce monde de la mode me fascine depuis l’enfance : c’est un rêve éveillé d’être coiffeur dans cet univers », sourit-il. L’équipe de TF1 était à ses côtés pour un défilé de Haute Couture, pour lequel il a imaginé de mystérieuses lunettes en cheveux… (Voir aussi l’article Angel Studio : un défilé Couture)
*Chiffres INSEE/ESANE 2018, soit avant la crise sanitaire