Marie Langlais, portrait d'une battante
La 2ème fois, c’était la bonne ! Après avoir flirté avec le podium aux avant-dernières finales nationales des WorldSkills (ex-Olympiades des Métiers), Marie Langlais était cette année notre championne française coiffure, et s’est mesurée aux autres champions internationaux dans sa catégorie, à Lyon, du 11 au 15 septembre derniers. Et c’est elle qui a raflé la médaille d’or des WorldSkills 2024 ! Elle s’inscrit ainsi dans le palmarès flamboyant de la France à cette grande compétition internationale des métiers techniques et technologiques, qui a fait intervenir plus de 1400 jeunes et brillants compétiteurs (de moins de 23 ans), et venus d’une soixantaine de pays (moins, en coiffure).
Une passion depuis toute petite
Bref, la Bretonne Marie Langlais est, à 22 ans, notre nouvelle championne du monde coiffure des WorldSkills, après, notamment, Laurine Liney, Mathieu Léger, Philippe puis Antoine Koehler ou encore Caroline Schmitt (voir le récap’ de toutes nos médailles à la fin de l’article sur les WorldSkills 2024). Ce qui n’enlève bien sûr rien à sa performance, et ne fait que confirmer l'excellence hexagonale en matière de coiffure, ainsi que l’efficacité de notre transmission de connaissances et de talents, grâce à un collectif de champions au service de leur secteur (là aussi, voir l’article ci-dessus).
Marie, elle, n’avait aucun coiffeur dans sa famille, mais des parents commerçants et des frères plutôt engagé dans le monde agricole, pour l'un, ou jardinier-paysagiste, pour l'autre. Elle a développé sa passion pour la coiffure toute petite, bien avant 10 ans. « J’adorais couper les cheveux de mes Barbie, au grand désespoir de mes parents. A la fin, comme elles n’avaient plus de cheveux, je trouvais des solutions, en leur remettant des fils de laine sur la tête, par exemple… ». Elle se souvient aussi avoir « adoré aller au salon » avec sa mère, et y rester… bien delà de la prestation coiffure ! « J’aurais pu y passer la journée, j’aurais été heureuse. Alors ma mère m’y laissait pendant qu’elle faisait ses courses, avant de revenir me chercher ! »
Un caractère de battante
Elle a aussi la chance que ses parents ne s’opposent pas à sa vocation, contrairement à ce qui se passe souvent pour les passionné(e)s de coiffure. « Ils étaient plutôt heureux que j’aie trouvé ce que je voulais faire, ce qui me plaisait… Après mes études (CAP, BP et Brevet de Maîtrise), ils m’ont même conduite à mon travail pendant les deux premières années, car c’était à 20 mn en voiture. » Marie fait ce qu’elle aime, mais tout ne lui a pas toujours souri, et c’est peut-être à partir de là qu’elle développe un mental de battante.
Au collège, en 4ème, elle a un accident de ski, est en fauteuil roulant, et doit entamer une longue rééducation. Elle pourra marcher de nouveau, mais pas tenir debout très longtemps. On lui dit d’oublier son « rêve de devenir coiffeuse ». Elle se sent tellement déçue, triste, frustrée, qu’elle prend cette sentence comme un défi. Elle se dit : « Je n’abandonnerai pas mon rêve. Je ne vais rien lâcher. Je leur montrerai qu’ils avaient tort ! » Une énorme force de caractère, qui la conduit jusqu’où l’on sait…
Mature et persévérante
Dès le CAP, elle se présente au concours des Meilleurs Apprentis de France. Et remporte la précieuse médaille. Un prof lui parle des WorldSkills : elle tente sa chance. Pour cette première, elle arrive 4ème (et avec une médaille d’excellence) à l’édition française des WorldSkills. Elle ne défendra pas la France, en 2022 (c’est Laurine Liney qui est médaillée d’or cette année-là, voir par ici). Mais elle ne veut pas « en rester là », et retente sa chance. Bingo. Cette fois, elle est notre championne française, en 2023,… puis mondiale.
Que lui reste-t-il à conquérir ? Plein de choses, sans doute, si elle le souhaite. Mais, entière, elle décide cette fois de s’octroyer une pause, plus que méritée. « Cette année, j’avais arrêté de travailler, pour me consacrer uniquement à la préparation des WorldSkills. Je n’ai pas repris. Je suis en train de créer ma micro-entreprise, je voudrais coiffer dans l’événementiel, les mariages. Devenir formatrice, aussi… J’ai plusieurs idées qui germent, mais je ne souhaite pas encore en parler. »
Des idées qui décantent
Alors elle va laisser décanter. Et, comme ses frères, laisser le temps au temps pour que les choses poussent bien et correctement. Hyper mature, bien ancrée dans la réalité tout en ne lâchant pas ses rêves, bosseuse, elle aurait tort, en effet, de se précipiter. Pour son Experte Métier, Claudie Beuchard, qui l’a suivie pendant toute sa préparation pour les WorldSkills, elle est « solaire, déterminée, passionnée, persévérante et audacieuse ».
Alors, après avoir consacré « beaucoup d’énergie, de temps et d’argent » à sa préparation aux WorldSkills, elle se met un peu entre parenthèses. « J’ai une petite chose qui me trotte dans la tête, concède-t-elle, ce sont les MOF - Meilleurs Ouvriers de France. J’essaierai peut-être… » Ici ou ailleurs, mais dans la coiffure, on retrouvera sans doute vite Marie Langlais.