Léa Detournay : ambition et simplicité
« La valeur n’attend pas le nombre des années ». Popularisée par notre grand poète national Corneille (dans « Le Cid »), la formule s’applique parfaitement à Léa Detournay. Léa est une jeune femme pressée, en effet. Qui sait ce qu’elle veut, et qui s’en donne les moyens. Elle sait écouter, aussi, autre grande qualité… A la dernière rentrée, elle n’avait pas 23 ans, mais elle a quasiment tout raflé, avec quatre jolies photos de coiffures à la fois audacieuses et épurées : le Prix Etoile Montante du Concours Edito de Brunette, mais aussi, quelques semaines plus tard, le Big One Trophy dans la catégorie Young Talent, tout en étant finaliste du HCF Trophy et de New Face…
Pour moi, elle n’était pas tout à fait une inconnue, puisque je l’avais déjà repérée au printemps 2021, alors qu’elle était arrivée en finale du 1er Concours de Pivot Point, avec le vice-champion du monde Alexandre Lebeau comme parrain de la compétition… et Brunette comme partenaire presse ! Un concours ouvert à tous les jeunes apprenants de la filière, très complet et exigeant. C’est celui qui l’a révélée, mais pour elle, c’était loin d’être le premier…
En finale du Concours Pivot Point 2021 © D.R.
La coiffure, c’est vrai, elle a baigné dedans : sa mère est coiffeuse, à Avesnes-sur-Helpe (dans le Nord). Léa avait l’habitude de finir ses journées au salon, et d’y faire ses devoirs « quand il n’y avait pas de bus pour rentrer. Le salon était à 10 minutes à pied du collège ! » Et de reconnaître : « Ça a dû jouer, forcément. Mais pour moi, la coiffure, c’était une évidence et personne ne m’a imposé ce choix. Ma sœur, elle, est en 3ème année de médecine... » Bref, Léa s’est montrée très réceptive à un secteur qui l’a toujours intéressée. Elle voulait de toute façon faire carrière dans la mode, et avait aussi envisagé d’être maquilleuse ou styliste. Mais la coiffure était à portée de mains, « et j’aimais toucher les cheveux, coiffer. Le soir, je m’entraînais toute seule chez moi à refaire des chignons sur des têtes malléables ! » Juste pour le plaisir…
Une orientation évidente...
Alors en 3ème, l’orientation, elle aussi, est évidente. Même si les professeurs lui conseillent « de passer son bac d’abord », d’autant qu’elle était bonne élève. Un grand classique. « Mais je ne voulais pas perdre 3 ans au lycée alors que j’étais sûre de moi, assène Léa. Ça m’aurait coupée dans mon élan ! » Car l’envie, et la dynamique, c’est quelque chose qui la caractérise aussi, et qu’elle a eu l’intelligence de suivre. « Je savais que je voulais travailler dans la coiffure, mais aussi que j’avais plus d’ambition que de reprendre le salon de ma mère. C’était une trop petite ville. J’allais forcément passer par là, mais un jour ou l’autre, j’allais travailler à Paris. »
Sa réalisation pour la finale du Concours Pivot Point 2021 © D.R.
Même impatience pour le CAP : « Je suis de la fin de l’année, je n’avais pas 15 ans, je ne pouvais pas faire d’alternance. Plutôt que d’attendre 3 ou 4 mois sans rien faire et de rejoindre une année de CAP en cours de route, j’ai trouvé une école à Lille qui proposait un CFA sans alternance, avec un stage de 6 semaines. » L’année suivante, elle peut réintégrer un CFA classique. Et commence les concours. « C’était des concours régionaux de coiffures de mariées ou de chignons dans des salles de fêtes. Je ne gagnais rien, évidemment, mais ça m’a donné envie de continuer ! Et puis, en 2ème année de BP, je décroche un 2ème prix. »
L'apport des concours
Par sa mère, franchisée du Groupe Vog, elle a accès aux concours de l’enseigne Michel Dervyn, elle y participe deux fois de suite, et dès sa deuxième tentative, elle arrive n°2 dans la catégorie Jeune Talent. Elle enchaîne ensuite sur le concours de l’enseigne Vog, et bénéficie ainsi, à deux reprises, d’une journée avec les formateurs du groupe pour préparer les modèles. Deux participations, deux prix Jeune Talent. Elle affûte sa technique, et son regard. Et elle écoute conseils et suggestions, aussi.
Extrait de son dossier pour les concours 2023 © Nuelas Naeva
Car si l’année dernière elle a explosé avec une série d’attaches épurée et minimaliste, elle a souvent eu la tentation, comme beaucoup de coiffeurs, d’en faire trop… « Au début je mélangeais toutes mes idées, je trouvais toujours que je n’en avais pas assez fait. On n’arrêtait pas de me dire : « ‘’ Fais plus simple ! ‘’ »
Les entraînements, les concours, les rencontres avec des formateurs, mais aussi le salon, sont de multiples occasions d’échanger, et de progresser. Curieuse et pleine d’énergie, elle se rend vite compte qu’il faut qu’elle « casse la routine du salon ». Elle aime ce travail, mais elle souhaite faire différentes choses, et elle est attirée, depuis le début, par le monde de la mode. « J’adorais aller me former, j’étais toujours volontaire ! Geoffrey Tentillier était alors formateur de l’équipe du Nord, pour le Groupe Vog. Je lui ai dit que je rêvais de travailler dans la mode, de faire des shootings… Il m’a dit : ‘’ Fais des concours, montre ton travail sur les réseaux sociaux, noue des contacts avec les photographes… ‘’ C’est ce que j’ai fait. »
Avec les autres gagnants du Concours Edito 2023 : Pierre Ginsburg, Pascal Lombardo, et Léna Lepetit © Pascal Latil
On connaît la suite de ce parcours express. Après son CAP et son BP, puis une année chez Franck Provost, à Lille, elle s’inscrit au Real Campus de L’Oréal pour décrocher un Bachelor en coiffure et entrepreneuriat. Elle travaille en parallèle avec Damien Roux, chez Didact Hair Building, puis chez Alexandre Pichoux. Et elle participe au concours de Pivot Point, au Concours Edito…
Ce qu’elle préfère faire ? Les attaches et, plus globalement, la couleur et le coiffage. Pour la coupe, elle privilégie la simplicité, elle ne souhaite pas y passer trop de temps. Pour elle, c’est surtout un support, qu’elle va « sublimer avec la couleur et le coiffage ». Et, désormais, elle joue le minimalisme… au maximum. Et aujourd’hui ? Toujours chez Alexandre Pichoux, avec qui elle a trouvé un arrangement pour pouvoir faire des shootings, aller sur les Fashion Weeks, et même faire des formations, à son tour, aux 2ème année chez Real Campus. Elle compte bien continuer les concours, aussi, et cultiver son réseau. Passion, énergie et sens de la remise en question : Léa a tout pour avancer vite… et loin.
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