Le mariage, ça repart !
Coiffure : Raffel Pages © Kike Miranda
Jusqu’en 2019, les mariages, c’était le grand rendez-vous du printemps, et surtout de l’été. La pandémie a bousculé tout ça et, depuis un an et demi, nombre de projets ont dû être reportés. Sauf qu’aujourd’hui, on se remet à y croire un peu. Effet des vaccinations massives, prise en compte globalement acceptée des contraintes sanitaires, levée progressive des restrictions : le mariage, ça repart. Et ça repart fort !
Du côté des coiffeurs spécialistes « du grand jour », on se réjouit, évidemment. Et on essaye surtout de s’organiser, face à la demande. « Les cérémonies de mariage ont bien repris, oui, confirme Thierry Deschemin, coiffeur, coloriste et maquilleur à la tête du salon Thiedesarts (Paris 17ème). Mais comme on se retrouve avec ceux de l’année dernière, qui ont été reportés, et ceux de cette année, cela crée un effet d’engorgement… »
Coiffure : Thierry Deschemin pour Les Cerises de Mars © D.R.
Même constat pour Aline Legoupil, qui dirige les salons Atmosph’Hair et Madame Monsieur, à Caen, en Normandie : « On note un vrai engouement pour les mariages, cette année. Nous en avons deux fois plus que l’année dernière, du fait des reports. Les mariées sont hyper contentes, motivées ! Il y a celles qui respectent à fond les règles, et celles qui les détournent… Dans tous les cas, il y a un réel enthousiasme. »
Une envie de simplicité
Côté coiffures, on pouvait légitimement se demander s’il y aurait, là aussi, comme un effet de rattrapage, l’envie « de mettre le paquet », de jouer à la star… Or il semble plutôt que les mariées ont envie, et besoin, de simplicité. De raffinement et d’élégance, certes, mais tout en sobriété. Comme si la « consommation de mariage » reflétait bien l’évolution de la consommation globale, depuis un an : on veut moins, mais mieux.
« Ce qu’on me demande, aujourd’hui, ce sont des coiffures à la fois simples et chics, raffinées. On ne souhaite plus d’extravagance, ni au niveau de la coiffure, ni au niveau du maquillage, note Thierry Deschemin. Cela n’a plus grand-chose à voir avec l’esprit bohème d’avant le premier confinement. » Ou alors c’est un esprit bohème encore plus radical, plus brut, plus épuré. Les femmes plébiscitent « les belles structures, les beaux mouvements, les jeux de tresses qui se croisent. Avec une ou deux mèches qui tombent, et c’est tout », précise-t-il.
Coiffure : Aline Legoupil © D.R.
Aline Legoupil résume cet état d’esprit en un mot : c’est un coiffage « Couture ». « L’esprit bohème, à strictement parler, c’est fini, affirme-t-elle. On est moins dans le flou. On nous demande des chignons très structurés, ou alors des cheveux libres, des crans, du wavy. Les robes sont plus épurées aussi, il y a plus de mousseline que de dentelles. Beaucoup de dos nus, de grands décolletés. On voit beaucoup de peau ! »
A Paris ou en Normandie, et sans doute ailleurs en France, les mariées semblent s’être donné le « la », pour leurs tenues. « Les robes sont fluides, longues, en effet, abonde Thierry Deschemin. Près du corps, assez ajustées, mais pas façon fourreau. Il y a beaucoup de dos nu, très joliment travaillés. Et des petites manches ballons… »
Coiffure : Thierry Deschemin / Thiedesarts © D.R.
En ce qui concerne les accessoires, le coiffeur parisien a remarqué qu’ils étaient moins présents, mais de plus grande qualité. Il note aussi un grand retour de la voilette. « La mariée a décidé de se faire plaisir. Quitte à se faire faire un accessoire de cheveux sur mesure, parfois. Et, puisqu’il faut limiter le nombre d’invités, elle investit sans doute un petit peu plus sur elle-même ! »
Des cheveux attachés... et parfois lâchés
Ce parti pris de simplicité peut aller jusqu’à renverser les codes jusqu’ici bien établis du mariage, et en particulier ceux intégrés par les coiffeurs. « Pour mon prochain mariage, la mariée m’a demandé de lui sécher les cheveux au diffuseur, avec un spray à l’eau de mer, et c’est tout !, rapporte la coiffeuse normande. Mais il y a eu en amont un gros travail au niveau de la couleur. »
Des cheveux lâchés dans le dos, en mode « beach wave », un peu sauvages, mais une belle couleur, un joli bouquet de fleurs… et le tour est joué ? Le charme et l’authenticité, plutôt que l’artillerie lourde, cela semble être en effet l’envie du moment, du côté des mariées. On est heureux de pouvoir enfin se retrouver, et c’est peut-être l’essentiel…
Coiffure : Encarna Moreno © Kike Miranda
Thierry Deschemin constate, lui, que les fêtes se déroulent désormais moins dans d’imposants châteaux… et plus dans des granges, des bergeries réaménagées. Et que la table de banquet, plus conviviale, tend à revenir, en lieu et place des petites tables rondes de ces dernières années. On a besoin de se réunir, de se retrouver. On mise sur une élégance plus simple, plus naturelle. Et sur des rapports humains plus authentiques. Le mariage, baromètre de l’époque ?