Le carré, plus que jamais !
C’est un compagnon de route des femmes, une figure familière de la coiffure. Et, quand on interroge les coiffeurs, il fait l’unanimité : le carré, ils aiment, et même ils adorent, parce qu’il leur permet de démontrer toute l’étendue de leur savoir-faire, tout en leur permettant de s’adapter à la personnalité et aux envies de leurs clientes. Parce que le carré peut se décliner de mille façons, parce que c’est à la fois un classique, une valeur sûre, et une des coupes les plus fortes du moment.
Des stars emblématiques l’ont adopté récemment, comme les actrices Monica Bellucci ou Léa Seydoux, pour ne citer qu’elles, les influenceuses française Caroline Receveur (3,5 millions d’abonnés) ou américaine Kylie Jenner (156 millions d’abonnés) lui déroulent le tapis rouge de leurs followers, et les marques de luxe et le prêt-à-porter l’ont très largement mis en avant dans leurs campagnes de pubs cet automne-hiver, à l’instar d’Yves Saint Laurent avec le parfum Libre, incarné par la chanteuse britannique Dua Lipa, ou Givenchy avec L’Interdit, et l’actrice Rooney Mara.
Caroline Receveur © D.R.
Le carré impose une attitude
Bref, le carré est bien là, et plus que jamais. Le coiffeur lyonnais Bruno Estatoff, à la tête de son salon et de Your Cut Academy, qui lui voue un culte depuis toujours, le confirme : « ça fait longtemps que le carré est là. Mais c’est comme si les gens se rendaient plus compte, aujourd’hui, de ce qu’il est et de ce qu’il peut apporter. Le carré s’impose, en effet. Mais attention, ce n’est pas tant une coupe de cheveux qui s’impose, mais une attitude, une allure générale. Si on regarde plus les femmes qui ont un carré, c’est parce qu’on les regarde, d’abord, elles. C’est la femme qui fait la coupe, et pas l’inverse. »
S’il y a donc bien une tendance « carré » qui émerge depuis quelques mois, et qui est portée et poussée par le secteur professionnel depuis au moins 4 ou 5 ans, ce n’est en réalité qu’un regain de faveur logique pour une coupe qui a toujours fait partie du paysage, qui a un fort potentiel et que certaines portent ou ont porté comme un étendard de leur personnalité depuis longtemps : comme la très reconnaissable ex-rédactrice en chef du Vogue américain Anna Wintour, ou la chanteuse de rock Beth Ditto. Dans des variantes pour le moins très différentes…
Anna Wintour © D.R.
Un énorme potentiel de personnalisation
« Le carré a un énorme potentiel d’adaptation, précise Bruno Estatoff. Il peut servir le style bourgeois ultra classique d’une Anna Wintour, ou la folie d’une Beth Ditto. Laquelle, d’ailleurs, avec son visage très rond, avait osé le porter en version très courte. » Soit exactement ce qu’il ne faut pas faire si l’on veut jouer l’harmonie et atténuer, avec sa coupe, ses « défauts » supposés… mais tout à fait ce qu’on peut faire, aussi, pour assumer ses différences et, par exemple, renforcer ses rondeurs !
« Le carré ? Je l’ai toujours fait, ça fait partie de mes coupes préférées », s’enthousiasme également la coiffeuse Alima Baz, Meilleur Ouvrier de France et patronne du salon Alyso, à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle). C’est un incontournable, il peut être porté lisse, plaqué, cranté, bouclé, et même relevé, et permettre une attache. Il peut s’associer à une frange, pour accentuer le regard, se planquer, couper un visage trop long… Il peut apporter quelque chose de pointu. »
Un esprit vintage années 20 ou 60
Certes, il faut l’assumer, et en cela elle rejoint tout à fait Bruno Estatoff. Mais pour autant, elle le propose à de nombreuses clientes, « de tous les âges », et « très réceptives ». « Je réalise des périmètres extérieurs bien nets, et à l’intérieur, je mets de la vie, avec de la texturisation, de la couleur, une frange, un dégradé devant. Et, après une belle coupe, quand les clientes arrivent à se recoiffer facilement, forcément, cela amène des retours agréables de leur part... »
Alors pourquoi cette tendance, maintenant ? « Parce que certaines stars l’ont adopté et, qu’en effet, Monica Bellucci avec un carré, c’est vendeur. Les clientes s’identifient. Et aussi, plus en profondeur, parce que depuis quelques années, on revient aux coupes pleines. Cela a commencé avec des carrés plus longs qui, tout doucement, sont devenus plus courts, avance la coiffeuse. Je le vois aussi comme un clin d’œil aux années 20/30, d’une part, et aux années 60, qui reviennent aussi dans la mode et dans la déco. La coiffure est raccord avec les tendances générales ! »
Le fameux carré de l'actrice américaine Louise Brooks, dans les années 20 © D.R.
Une coupe pour affirmer sa singularité
Une autre piste, enfin, pour expliquer aussi ce regain de faveur du carré : c’est qu’à une époque qui cultive farouchement la singularité et « l’inclusivité », et qui incite fortement à assumer ses différences (taille, poids, handicaps, défauts du visage, couleurs de peaux et de cheveux, coiffures afro en mode « nappy », longueurs capillaires et vestiaire non genrés…), quoi de mieux que cette coupe qui en jette et qui se remarque ?
« Certes, c’est une coiffure de référence, mais c’est surtout une coupe qui va aider celle qui a du style à l’affirmer, et celle qui cherche à se construire une allure… à la trouver. Le carré incite à réfléchir à l’image de soi que l’on veut véhiculer, et à s’assumer en tant que personne. » Et cela, que l’on soit anonyme ou plus connu, c’est à la fois précieux et indispensable.