Laurine Liney championne du monde aux Worldskills!
(Visuel d'ouverture : Laurine avec les candidates coréenne et chinoise, médailles d'argent ex-aequo)
Avec Laurine Liney, sacrée médaille d’or en coiffure aux Worldskills (ex-Olympiades des Métiers), le 24 octobre dernier à Helsinki (Finlande), la France est une nouvelle fois sur le podium de cette grande compétition internationale des métiers, malheureusement assez méconnue - surtout chez nous. Tous les 2 ans, ce sont ainsi une soixantaine de pays qui s’affrontent, à travers une soixantaine de métiers représentés (de la boulangerie à la tôlerie, en passant par l’art floral), en envoyant leurs compétiteurs de moins de 23 ans les plus brillants dans leur domaine. Et les plus passionnés. Et mieux vaut l’être, et assez solide mentalement, aussi, car ce sont pas moins de 7 épreuves de haut niveau, en 4 jours, qui les attendent… Comme le résume bien Claudie Beuchard, coach « et bien plus que ça » de Laurine : « En 4 jours de compétition, ce sont plusieurs années de préparation qui se jouent. »
Une acharnée de travail
Laurine, elle, une dizaine de jours après son retour, est toujours sur son petit nuage. « J’ai du mal à réaliser, confie la jeune Sarthoise de 22 ans. Je suis heureuse d’avoir réussi, c’est l’aboutissement de nombreuses années d’entraînement… Mais je suis encore un peu déstabilisée : j’ai du mal à réaliser ce que j’ai fait. Je suis une acharnée du travail. J’ai mangé, dormi coiffure depuis 5 ou 6 ans, je manque de recul. Je vais prendre le temps de me poser et de réfléchir à la suite. »
De fait, cette médaille d’or internationale n’arrive pas par hasard. C’est le moins que l’on puisse dire. Passionnée par la coiffure depuis l’enfance, Laurine a enchaîné CAP et BP à l’école privée l’Espace Bel Air au Mans, avant de passer un Brevet de Maîtrise (BM) à la Chambre des Métiers, pour pouvoir enseigner et retransmettre à son tour. « C’est un peu cliché, mais j’ai toujours voulu faire ça. Dès 6 ou 7 ans, j’ai commencé à aimer regarder ma maman se faire coiffer... En 3ème, le stage découverte, dans un salon de coiffure, m’a confortée dans mon choix. »
Dans les starting-blocks depuis 2018
Très vite, et grâce à la directrice de son école, Laurine s’entraîne pour la prestigieuse compétition des Meilleurs Apprentis de France (MAF). Elle est sélectionnée au niveau national, mais n’est pas reçue. Déception… et magnifique réaction de sa directrice, inspirée, intuitive, et déterminante pour la suite : « Je n’ai pas réussi, mais on n’a pas voulu s’arrêter là. C’est elle qui m’a embarquée dans d’autres compétitions, pour continuer, et progresser. »
Laurine participe donc aux Championnats de France de coiffure, afin d’être repérée et d’intégrer l’Equipe de France. Pari réussi, cette fois. Elle fait partie de l’équipe Espoirs, dès 2017. Mais parallèlement, elle aime, elle suit les Olympiades des Métiers (Worldskills). Elle connaît la limite d’âge. Elle se dit : c’est le moment où jamais. Alors elle tente sa chance, en 2018, et elle est médaille de bronze au niveau national. Ce qui lui permet de représenter la France aux Euroskills, à l’échelle européenne, la médaillée d’argent ayant déjà participé. Sans négliger pour autant de concourir, en 2019, aux Championnats du monde de coiffure avec l’Equipe de France…
Une Equipe Métiers exceptionnelle autour d'elle
Médaillée aux Euroskills, elle participe de nouveau aux épreuves de sélection nationale, début 2022, à Lyon. Epreuves qu’elle remporte haut la main, elle est championne française… et directement sélectionnée, cette fois, pour les Worldskills, en Finlande. Vous suivez ? En tout cas, on connaît la suite…
Mais ce parcours exceptionnel, s’il est le fruit d’une grande capacité de travail, d’une réelle passion et d’une belle maturité, est aussi le résultat d’un travail d’équipe, autour de Claudie Beuchard, son entraîneuse, notamment. « Claudie, qui m’avait déjà accompagnée aux Euroskills, a été bien plus qu’une coach. Elle a été ma guide, et elle a constitué autour de moi toute une équipe métiers pour m’apporter un maximum de compétences. » Claudie Beuchard, enseignante au CFAI Henri Martin de Lézignan-Corbières, près de Carcassonne (Aude), véritable passionnée, est aussi très impliquée dans les Worldskills depuis de nombreuses années avec, depuis 2020, la casquette « Experte Métier ».
Le rôle crucial de la "coach"
Un rôle crucial et multiple d’accompagnateur auprès de la compétitrice française. Elle a donc été une nouvelle fois, pour Laurine, coach, ce qui a les a conduites à réaliser d’innombrables séances d’entraînement ces deux dernières années, avec une accélération depuis juin dernier. En présentiel comme en distanciel, avec « des entraînements quasi quotidiens, en semi-autonomie, à distance, sur certaines périodes. » Et pour cause, puisque Laurine et Claudie ne travaillent pas dans la même région… et que c’est le CFAI de Lézignan-Corbières qui a été retenu comme centre d’excellence coiffure pour les préparations à la compétition.
Laurine Liney avec l'interprète Eléonore Plénier et l'Experte Métier Claudie Beuchard, un trio de choc en parfaite symbiose...
Mais Claudie n’était pas seulement coach, elle était aussi et surtout chef d’orchestre : elle a constitué une équipe métiers composée, entre autres, d’anciens compétiteurs de haut niveau (voir encadré ci-dessous), afin de former Laurine à toutes les techniques de son métier. Car le concours des Worldskills est assez différent des autres compétitions internationales, dans lesquelles on peut se spécialiser dans une technique, une catégorie, ou travailler à plusieurs. Pour les Worldskills, « le compétiteur doit montrer son excellence dans tous les aspects de son métier, et pouvoir faire appel à toutes les techniques », comme le précise Claudie. En d’autres termes, il doit être hyper-polyvalent.
La quête de l'excellence... et de la polyvalence
Il y a 7 épreuves en 4 jours (coloration, coupe femme, coupe homme, barbe, chignon, coiffure de défilé, permanente), et le(la) compétiteur(trice) doit pouvoir répondre à n’importe quelle demande avec le même niveau d’excellence. D’où la nécessite de regrouper autour de lui ou d’elle la crème des formateurs, avec si possible les meilleurs dans leur domaine…
A noter également, une autre différence importante avec d’autres concours : l’ancrage de la compétition dans l’industrie du métier, avec des techniques au goût du jour réellement employées en salon (comme les ombrés, balayages et autres contouring en couleur par exemple), et des coiffures commerciales (qui n’excluent pas l’expression artistique). Enfin, pour la deuxième fois, cette année, les Worldskills proposaient à tous les compétiteurs de découvrir en temps réel les visuels coiffure à reproduire, et ce pour toutes les épreuves, induisant ainsi une égalité stricte entre tous les candidats : fini les préparations de projets pendant des mois et maîtrise des coiffures à la mèche près, place à la démonstration des capacités techniques et d’adaptation face à des visuels découverts le jour de la compétition…
Un palmarès français éblouissant depuis 20 ans
Que va faire Laurine, maintenant ? « Elle est partagée entre poursuivre l’activité en salon, car elle aime ce métier et les contacts, et s’engager dans la formation, qui l’attire beaucoup », affirme Claudie. Laurine s’inscrit en tout cas dans la continuité d’un palmarès français aux Olympiades des Métiers / Worldskills éblouissant, depuis plus de 20 ans, dans une relative indifférence médiatique (voir encadré ci-dessous) : la France place pratiquement un(e) candidat(e) sur le podium tous les 2 ans, et a déjà raflé 7 médailles d’or au cours des 11 dernières éditions des Worldskills….
C’est donc un mystère que cette méconnaissance des Worldskills, qui dans d’autres pays sont célébrés comme il se doit, et ce, parfois, jusqu’aux plus hautes instances de l’Etat. Un mystère doublé d’une injustice : les coiffeurs souffrent d’un manque de considération, tout particulièrement dans notre pays, alors que les « Frenchies » sont reconnus à l’étranger… et qu’ils sont, tout simplement, brillants. Un défaut de médiatisation qui, espérons-le, pourra enfin être comblé en 2024, puisque la compétition devrait avoir lieu… en France, à Lyon !
Autour de Laurine Liney : l’Equipe Métiers
Ces spécialistes de la coiffure de haut niveau se sont consacrés à la préparation technique de Laurine. Parmi eux, une demi-douzaine d’anciens champions Worldskills et de l’Equipe de France…
Claudie Beuchard (Experte métier) et : Magali Saouzanet, Auriane Bailly (ex Vial), Alix Darles, Sarah Leroyer, Vincent Andro, Marie-Claire Cabrillet, Thierry Haag, Léa Cabon, Estelle Le Bouedec, Romain Mouynet, Mathieu Léger, Caroline Schmitt, Virginie Cabaret.
20 ans de médailles françaises à l’international !
Depuis plus de 20 ans, les Français se classent pratiquement sur le podium tous les 2 ans, aux Worldskills. Et cumulent 7 médailles d’or en 11 éditions. Sans parler des Euroskills. Impressionnant !
2022, Helsinki (Finlande) : Laurine Liney (médaille d’or)
2021, Graz (Autriche) (Euroskills) : Laurine Liney (médaille de bronze)
2019, Sarah Leroyer, 9ème place (et médaille d’excellence)
2018, Budapest (Hongrie) (Euroskills) : Alix Darles (médaille d’or)
2017, Abu Dhabi (Emirats arabes unis) : Mathieu Léger (médaille d’or)
2015, Sao Paulo (Brésil) : Justine Gaubert (médaille d’argent)
2013, Leipzig (Allemagne) : Antoine Koehler (médaille d’or)
2011, Londres (Angleterre) : Caroline Schmitt (médaille d’or)
2009, Calgary (Canada) : Angélique Franck (médaille de bronze)
2007, Shizuoka (Japon) : Célia Hamel (médaille d’argent)
2005, Helsinki (Finlande) : Sophia Da Costa (médaille d’or)
2003, Saint-Gall (Suisse) : Philippe Koehler (médaille d’or)
2001, Séoul (Corée du Sud): Auriane Vial (médaille d’or) en coiffure femme, et Philippe Duffier (médaille d’argent) en coiffure homme.
