Expo Dolce & Gabbana : le culte du baroque

Dolce & Gabbana, soit le duo le plus connu du monde de la mode, s’offre une rétrospective exceptionnelle au Grand Palais (Paris 8ème ) depuis le 10 janvier : « Du cœur à la main ». Celle-ci se clôture prochainement, le 31 mars : il faut absolument y aller !
Conçue par l’historienne de la mode Florence Müller, elle célèbre Dolce&Gabbana en tant que symbole du style italien, et leur approche singulière dans le monde du luxe, faite d’élégance et de sensualité, mais aussi d’humour, d’impertinence et d’extravagance.
Une ode à l'artisanat italien
Le parcours thématique (11 salles) reflète la richesse de leurs inspirations puisées dans l’histoire de l’art italien, l’architecture, l’artisanat, les cultures régionales, la musique, l’opéra, le ballet, le cinéma, les traditions folkloriques, le théâtre et bien sûr, « la dolce vita ».
© D.R.
Au programme, sur 1200 m² et trois niveaux, un aperçu bluffant de leur univers tantôt baroque, luxuriant, débordant de vie, d’imprimés et de couleurs, tantôt sombre, inspiré des veuves siciliennes et de la tradition la plus pure. Le duo travaille les tissus précieux, privilégiant la soie et la dentelle depuis toujours, et la mise en œuvre et en valeur de l’artisanat italien. D’où le titre de cette expo somptueuse, qui part de l’inspiration, du cœur des créateurs, et se traduit par une gestuelle ancestrale, pensée au millimètre près, dans leurs ateliers. Car si le cœur ne va pas sans la main, la main, elle, a toujours besoin d’une tête…
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Réunissant pour la première fois les créations uniques de la maison de mode de luxe, cette exposition est une véritable lettre d’amour pour la culture italienne, source d’inspiration constante de Domenico Dolce et Stefano Gabbana. Deux stylistes qui se sont rencontrés à Milan au début des années 1980, alors qu’ils travaillent tous deux pour la marque Giorgio Correggiari, où Domenico Dolce prend Stefano Gabbana sous son aile.
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« C’est Domenico Dolce qui a grandi dans un foyer tourné vers la mode, comme le rappelle ‘’Vogue France’’. Son père était tailleur, sa mère vendait du tissu. (…) Le Milanais Stefano Gabbana ne s'y intéresse quant à lui qu'à l'adolescence, bien qu'il ait souvent répété que les poupées lui ont appris tout ce qu'il fallait savoir sur la mode. »
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Bref, l’alchimie prend, ils créent un studio de conseil en design avant de lancer leur marque en 1985. Pour autant, ce n'est pas Milan, l'élégante capitale de la mode italienne, qui donne son identité à la marque, mais bien l'héritage sicilien de Dolce. Ce qui la distingue de tous ses concurrents dans le luxe.
Fidélité aux racines
Fidèles à leurs racines transalpines et notamment siciliennes, donc, leurs défilés sur les podiums de la Fashion Week de Milan sont toujours des événements, conjuguant avec brio religion et sensualité, tradition et modernité, couleurs éclatantes, dorures, ornements, et noir austère. Ils n’ont jamais défilé à Paris : cette rétrospective ambitieuse et réussie est donc une occasion unique de voir de près des créations qui sont quasiment des œuvres d’art.
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Comme pour la rétrospective exceptionnelle consacrée à Mugler, en 2022, le choc visuel est immédiat dès que l’on pénètre dans la première salle. L’ampleur des créations, l’immense travail du détail : le « fait main » renvoie ici à l’artisanat du luxe italien, des majoliques (faïences) de Capri aux lunettes de soleil, foulards et pantalons courts des fifties et de La Dolce Vita. Cette expo est à la fois une source d’émerveillement et de découvertes : courez-y !