Photo ci-dessus : Accolade entre Karine Derache (Delorme), avec son frère Cédric en arrière-plan, et Guillaume Fort, à l'issue du show des 140 ans au dernier MCB © Pascal Latil

Dans le métier, tout le monde connaît Delorme. Tout le monde connaît le distributeur parisien, qui est une véritable institution en France et à l’international, et son siège historique, Passage de l’Industrie, dans le 10^ème arrondissement de la capitale. Mais la Maison Delorme, qui fête cette année ses 140 ans, a toujours fait dans la discrétion. Alors cet anniversaire, qui a été célébré avec panache sur la scène du MCB, le 5 septembre dernier, est aussi l’occasion de revenir sur l’une des plus belles histoires familiales de la profession.

Bien ancré dans le présent, autour des plus beaux talents de la coiffure (Comme Cyril Bazin et Guillaume Fort, pour le show du MCB), et d’une très riche sélection de produits professionnels (8000 articles en stock), et aussi porteur d’une très belle vision de l’avenir, j’y reviendrai, le distributeur s’appuie d’abord sur une magnifique histoire familiale.

5 générations se sont transmis le flambeau

Ce sont ainsi pas moins de 5 générations qui se sont succédé à la tête de l’entreprise depuis sa création en 1881 par Jean Delorme, l’arrière-arrière-grand-père de Karine Derache, actuelle dirigeante de Delorme avec son frère Cédric. Des hommes et des femmes qui se sont transmis, avec la passion de la coiffure, un indéfectible soutien à la profession, à sa créativité et à son savoir-faire. Delorme a ainsi accompagné le métier pendant près d’un siècle et demi, traversant avec les coiffeurs des périodes difficiles, y compris jusqu’à la pandémie actuelle et ses confinements.

L'une des plus anciennes photos du magasin historique, à Paris, fondé par Jean Delorme, arrière-arrière-grand-père de Karine et Cédric

A la fin du XIXème siècle, le quartier parisien du Faubourg Saint-Denis est celui de la transformation des métaux. La Maison Delorme est, au départ, spécialisée dans la coutellerie, et fournit aux barbiers (les salons de coiffure n’apparaissant que bien plus tard) coupe-choux, rasoirs, ciseaux, mais aussi aux bouchers (les Halles de Paris sont toutes proches) tout un assortiment de couteaux. Elle propose aussi des shampooings en poudre, des savons à barbe et de la brillantine.  

De la coutellerie à la coiffure

Progressivement, l’activité va se spécialiser dans la coiffure, et s’enrichir, au fur et à mesure de leur invention, de produits cosmétiques et techniques, d’outillage électrique. L’offre est tellement riche et pointue que Delorme est aussi un incontournable pour les coiffeurs studio et les métiers du spectacle : « Ils viennent chercher chez nous leurs ornements, crépons… Nous avons aussi un choix énorme en matière d’épingles », précise Karine Derache.

Jacques Derache et sa femme Claude auprès de Marlène Fort, à l'issue du show du MCB © Pascal Latil

Jean Delorme passe la main à son fils Robert, qui cède l’entreprise à sa fille Yvonne, laquelle la transmet finalement à Jacques, le père de Karine et Cédric. Lesquels comptent bien transmettre leur passion aux enfants de ce dernier, Amandine et Clément, qui étaient présents pour le final du superbe show anniversaire du MCB, avec leurs parents, leur tante et leurs grands-parents.

Un show audacieux et ambitieux, puisqu’il s’agissait d’associer, sur scène, le coiffeur femme Cyril Bazin et son associée Sarah Guimond, au coiffeur-barbier Guillaume Fort, autour de la thématique très inspirante des « Sept péchés capitaux ». Deux univers et deux enseignes différentes partageant la même scène, ça ne s’était quasiment jamais vu, sinon en 2018… au show anniversaire des 50 ans du 2^ème magasin de Delorme, à Cagnes-sur-Mer !

Une attache épurée et pleine d'éclat, signée Cyril Bazin pour le show du MCB © Pascal Latil

Un show qui avait attiré plus de 500 personnes, sur une affiche exceptionnelle : le binôme inédit Cyril Bazin / Guillaume Fort, pour la première fois ensemble sur scène, et Alexandre de Paris. Comme quoi, et alors même que ce n’est pas son cœur de métier, quand la Maison Delorme fait dans l’artistique, elle vise haut, poursuivant son objectif de valorisation d’une profession qu’elle aime tant et qu’elle accompagne si bien.

Valoriser et libérer l'artistique

Alors, évidemment, cette 2^ème rencontre au sommet entre Cyril, Sarah et Guillaume, cette année, a fait des étincelles, envoyant sans sourciller des cheveux longs, des coupes courtes, des attaches rock, des looks pointus, des références vintage, du coiffage afro, à travers des duos homme-femme élégants, branchés ou… explosifs. L’artistique sans contraintes, sinon celle de l’inspiration, semble être le message que fait passer le distributeur : aux artistes leur liberté de création, à lui le soutien logistique…

La coiffure homme par Guillaume Fort, lors du show du MCB © Pascal Latil

Une générosité qui reflète parfaitement les valeurs de Delorme : travail, discrétion, simplicité, et bien sûr qualité des produits comme du service client. Des valeurs qui, de façon logique, ont contribué au développement du distributeur, faisant ainsi doubler son chiffre d’affaires entre le début des années 90 et 2019, le frère et la sœur arrivant aux commandes de la société en 1995/96.

Se projeter dans un avenir plus "vert"

Mais à ces valeurs-clés s’en ajoute une dernière, sans doute moins connue mais tout aussi sincère : c’est l’engagement écologique de la dernière génération, qui s’est traduit par le référencement de cosmétiques naturels comme Insight ou Mulato, ou par une réflexion plus poussée autour du Made in France. Surtout, cet engagement va se traduire très prochainement par un déménagement de l’entrepôt de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) à Croissy-Beaubourg (Seine-et-Marne) dans des bâtiments entièrement pensés pour préserver l’environnement et la biodiversité, au cœur d’un espace très arboré.

Le projet est passé devant une commission d’écologues avant d’être validé. Il comprend des bâtiments et des toits végétalisés, un bassin de rétention / récupération des eaux de pluie, des passages organisés pour les animaux… « ça va sûrement être la zone la plus verte d’Ile-de-France », s’enthousiasme Karine Derache, qui ne cache pas avoir mis le turbo entre l’achat du terrain et le dépôt du permis de construire (3 mois seulement). Les travaux commenceront début 2022 pour un déménagement prévu fin 2022.

Alors, que souhaiter à cette belle entreprise qui n’a pas hésité à investir et à se projeter dans un projet avant-gardiste tout en restant fidèle à ses valeurs familiales ? De pouvoir poursuivre son développement à l’heure où le métier de distributeur, pourtant crucial en termes de proximité et de conseil, est de plus en plus difficile ? Certainement. Mais aussi, sans doute, de continuer à projeter sa belle vision des gens et de la profession, pour inspirer salons et artistes. Sans vision et sans amour du métier, on n’avance pas. Mais avec, ou peut aller très loin : le chemin parcouru par la Maison Delorme en est une superbe illustration.